Lundi soir, j’ai enfin vu le film qui a donné envie à Jean Paul Gaultier de devenir couturier. Falbalas a beau avoir terriblement mal vieilli, il n’en demeure pas moins précieux. On y découvre en effet avec un degré de précision digne d’un documentaire le mode de fonctionnement d’une grande maison de couture du temps de son âge d’or. Jacques Becker, le réalisateur, a en quelque sorte conçu un Jour d’avant sous l’Occupation (même si les Allemands sont absents du film)!
Il y raconte comment un couturier parisien maladivement séducteur, Philippe Clarence, tombe amoureux de Micheline Lafaurie (Micheline Presle), la fiancée de son meilleur ami. Cette dernière lui inspire une nouvelle collection, qui prend forme sous nos yeux jusqu’au défilé final. Un bon prétexte pour découvrir en mouvement la véritable mode des années 1940, créée par Marcel Rochas pour les besoins du film. Robes du soir en jersey à la taille marquée, turbans, vestes épaulées strictement ceinturées, jupes droites sous le genou, sacs en bandoulière (pratiques pour circuler à vélo), chaussures à plateformes… Tout y est.
La mère de Jean Becker travaillait dans une maison de couture, ce qui explique sûrement l’acuité de son regard.
Les coursiers de l’époque avaient fière allure (et les rues de Paris étaient moins encombrées de voitures).
Sortir sans chapeau ni gants était inimaginable à l’époque.
Les coiffures sont la seule chose qui ne passe vraiment pas dans le film. Les frisettes ramenées sur le haut du crâne ne flattent personne, pas même Micheline Presle.
Le personnage de Mademoiselle Solange, la directrice de collection, est le plus attachant du film. « Avez-vous baptisé vos robes? » demande-t-elle à sa première d’atelier peu avant la présentation de la collection.
Micheline essaie sa robe de mariée, et on imagine des générations de jeunes spectatrices se pâmer à sa vue.
Les ouvrières fêtent la fin de la collection. Ca fait du monde.
A l’époque, pas de photographe en front row! Même dessiner une robe était interdit afin de limiter les risques de copie. Les temps ont bien changé…
Commentaires
24 commentaires
laurence
Sublime!!!
matchingpoints
Il faut le reconnaître, la mode était magnifique,(nous sommes d’accord, les coiffures ne sont terribles)…; elle servait la femme, elle la rendait belle et féminine. Notre mode de vie actuelle nous oblige malheureusement à nous adapter et adapter nos vêtements – on se voit mal avec ces chapeaux. Rien ne nous empêche de garder certaines lignes et un certain esprit.
Céline
Avec toutes ces ceintures appuyées à la taille sur toutes les tenues,je vois de quelle époque s’inspire Kate, duchesse de Cambridge !!!

Géraldine
Ah oui tiens c’est juste !
Lionel
C’est vrai que les coiffures sont pas du meilleur effet.. C’est là aussi qu’on voit vite ce qui est indémodable (les trucs à plumes) de ce qui l’est (le sombrero à froufrous…)
M’enfin, tout de même un fim à ajouter à ma liste des oeuvres à voir. Je file à la médiathèque, on ne sait jamais!
Très belle journée!
Johanna
Tu m’as donnée envie de découvrir ce film.
christine
C’est un film à prendre comme un documentaire. Il est le reflet d’une époque.
Aurélie Milan
On sent comme une pointe de nostalgie..Et je le partage tout à fait.
Les temps ont bien changé et je regrette désespérement qu’à notre époque les gens ne soient pas aussi bien habillés dans la rue..
Delphine
Merci Géraldine !
Je ne suis pas égocentrique au point d’imaginer que tu as écrit un nouveau « film bien sapé » uniquement parce que je te l’ai demandé dans un précédent com, mais ça fait bien plaisir quand même…
J’aime vraiment le fait que la mode peut être un point d’entrée pour différents arts.
Je ne savais pas qu’un film avait été la base de la vocation de Jean Paul Gaultier. Ce n’est finalement pas étonnant quand on pense à la fois à son univers et sa participation au Festival de Cannes.
Quand à la mode, ce qui me marque le plus c’est à quel point elle sculptait le corps, tant par les larges épaules que par les tailles resserrées. J’ai l’impression qu’aujourd’hui nos vêtements nous laissent plus libres mais plus vulnérables aussi.
Encore merci et bonne après-midi !
Géraldine Dormoy
Pas uniquement mais en grande partie, si bien sûr
Quand j’ai vu que le dernier que j’avais fait datait de novembre, j’ai un peu eu honte quand même. Le temps passe trop vite!
Eh oui, la mode de l’époque sculptait plus le corps, et elle avait les petites mains pour le faire. Aujourd’hui, tout est plus facilement portable, mais moins raffiné dans les détails que la Haute Couture de l’époque, forcément. Est ce que les vêtements d’aujourd’hui nous rendent plus vulnérables pour autant? Je ne sais pas.
Delphine
Alors encore merci !
Vulnérable n’est pas le bon mot. C’est juste que j’ai l’impression que nos corps, moins structures par le vêtement, sont du coup plus sujet `a la norme. Mais cette impression est peut être donnée par la différence entre la norme des années 40 et celle d’aujourd’hui…
Véronique
Plus structurés par les vêtements, nos corps doivent l’être par ce qu’il y a en dessous : les muscles…
LOLA
La première robe, la robe blanche pourrait sortir d’un défilé Gaultier. D’ailleurs, on y retrouve cette fameuse illusion du corset. La robe de chambre de la 3 eme photo elle aussi aurait pu sortir d’un de ses shows.
Je comprends pourquoi on a dit que YSL était le premier designer Vintage. Ces robes ressemblent à celles de sa collection scandaleuse inspirée des dames de joie et des années 40 et aussi à ce qu’il a fait dans le reste de sa carrière.
Le look de la deuxième photo fait d’ailleurs très seventies. Comme quoi la mode n’est qu’un éternel recommencement.
PS: Geraldine, que penses-tu de la sape dans les films d’almodovar des années 80? Je la trouve incroyable. Je sais que Karl a élaboré certains costumes de ses films.
Géraldine Dormoy
Merci pour ton point de vue. J’ai effectivement pensé à la collection 40 d’Yves Saint Laurent en regardant le film, mais bizarrement je n’avais pas fait le rapprochements que tu fais sur Gaultier (1ère et 3e photos).
Sinon, pour Almodovar, il faudrait que je revoie ses films. Sur le coup, le côté too much ne m’avait pas fait vibrer (je me souviens surtout de ceux de Kika et Femmes au bord de la crise de nerfs), mais avec le recul, j’aurais peut-être une perception différente. Merci de m’attirer l’attention dessus en tout cas!
magisahel
La mode de cette époque savait vraiment mettre les femmes en valeur. Pas étonnant que ce style revienne régulièrement sur le devant de la scène.
Bisous
Marie
Oh, cette veste à rubans est superbe…
Color&Cut - Marion
Les robes en jersey c’est tellement beau !
Par contre, je trouve justement que ces boucles ramassées sur le sommet de la tête c’est très inspirant et même flatteur. J’y vois le début de la banane d’Elvis et de la méga coque crêpée rock, surtout avec ces cheveux plaqués sur les côtés; comme quoi, on ne projette pas les mêmes choses sur les mêmes images. Merci en tout cas pour l’inspiration capillaire: banane bouclée + boyfriend jean = look du week-end.
Géraldine Dormoy
C’est vrai que ça t’irait bien
Mais alors il faut que tu regardes le film: il y a des coiffures différentes à chaque plan, c’est presque plus créatif que les fringues quand on y pense.
Ariane
Ca c’est ce que j’appelle la mode! Et en fait la mode ça revient éternellement, la robe blanche ceinturée par exemple aurait bien pu être l’inspiration d’Elie Saab
WILLIAM
Ce qui ne passe pas, ce ne sont pas les bouclettes, c’est l’ignorance qui fait confondre Jacques Becker avec son fils Jean! Avez-vous vraiment vu le film ?!!!!
Géraldine Dormoy
L’erreur est réparée. Désolée d’avoir heurté votre sensibilité de cinéphile. Cela dit, confondre les prénoms d’un père et de son fils, ça m’arrive tous les jours dans mon salon…
Linda Dylan
Ca faisait des lustres que je voulais regarder ce film, merci d’avoir fait une mise a jour dans mes projets! J’entends partout dire que ce film est fabuleux, en tant que future styliste modéliste, j’ai vraiment hate de le voir.
Je dessine des vêtements ici http://lessouterrains.blogspot.fr/ merci !
S
Merci Géraldine. J’adore cette rubrique de ton blog. Justement j’ai revu le film Network il n’y apas longtemps et le look seventies chic de Faye Dunaway n’a « presque » pas pris une ride. Je me suis dit ce serait sympa un sujet dessus.
Jupette
A l’époque ils avaient deja un grand sens de la mode et un penchant particulier pour les coupes impeccables apparemment. les manteaux, les vestes, aucune fausse note niveau coupe. juste parfait.
Merci pour cet article